Le forum des Lauréats de l'ENCG Settat
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

Le forum des Lauréats de l'ENCG Settat

Le Forum des anciens de l'ENCG Settat
 
AccueilPortailRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexion
-14%
Le deal à ne pas rater :
Apple MacBook Air (2020) 13,3″ Puce Apple M1 – RAM 8Go/SSD 256Go
799 € 930 €
Voir le deal

 

 driss basri ( suite)

Aller en bas 
AuteurMessage
drissl3elwa
Hyper-Ancien
drissl3elwa


Nombre de messages : 290
Localisation : UE
Date d'inscription : 06/04/2005

driss basri ( suite) Empty
MessageSujet: driss basri ( suite)   driss basri ( suite) EmptyMar 28 Juin - 3:48

Ma descente aux enfers

Lorsque Hassan II rend l'âme, le vendredi 23 juillet 1999 à l'hôpital Avicenne de Rabat, Driss Basri est à son chevet avec d'autres et il pleure. Il est 16 h 30. « J'ai été le premier, raconte-t-il, une minute après son décès, dans la chambre même, à présenter mes condoléances et mon allégeance à son fils. Les funérailles du surlendemain, les sept millions de Marocains massés le long du cortège, les chefs d'État qui sont venus, tout cela, c'était moi, Driss Basri. »

Le 9 novembre, après trois mois d'effeuillage systématique de ses pouvoirs, le ministre d'État est congédié par le roi Mohammed VI. De l'entretien que les deux hommes ont eu ce jour-là au Palais de Marrakech, Basri ne dira rien. « Je ne remets pas en question mon départ du gouvernement : c'est une décision régalienne. Ce que je rejette, c'est la suite, cette volonté délibérée de jeter aux orties ma mémoire et mon potentiel. » Deux semaines après son éviction, celui qui n'est plus qu'un ex-ministre en préretraite enregistre ce qu'il appelle « le premier signe de persécution ». Cela concerne une ferme et un terrain de 220 hectares, au lieu-dit « La Gazelle », à 6 kilomètres de Mohammedia, offerts à Driss Basri par Hassan II pendant les années 1980. « Le roi m'avait remis le titre foncier en présence de ses fils, Sidi Mohammed et Moulay Rachid : "Ce titre est à toi, m'a-t-il dit, tu peux le placarder sur ton front et te promener avec à travers le royaume." Puis, se retournant vers l'ancien colon français qui gérait la ferme voisine, propriété du Palais, il a ajouté : "Vous servirez l'eau gratuitement et à vie au ministre Basri." »

Le 28 novembre au matin, l'eau est brusquement et définitivement coupée. Les vaches et les vignobles de Driss Basri ont soif. « Scandale », proteste ce dernier. « S'il veut de l'eau, il n'a qu'à payer », répond-on en haut lieu, avant de préciser perfidement : « Saviez-vous qu'en outre il s'agissait d'eau potable, dans une région qui en manque ? »

Second « signe de persécution », selon Basri : l'interdiction de facto qui lui est faite d'enseigner à la faculté de droit de l'université Mohammed-V de Casablanca. Rien d'officiel, certes, mais un tollé général et des pétitions qui se multiplient contre sa venue. Ces dernières émanent d'universitaires, d'ONG et de défenseurs des droits de l'homme, ce qui n'empêche pas Driss Basri de les qualifier de « suscitées » et de « manipulées ». « Un grand monsieur, que je respecte, le général Kadiri, m'a transmis le souhait du roi de me voir renoncer temporairement à donner des cours. J'ai obtempéré, la rage au coeur. Je ne suis pas un ex-dignitaire nazi pour qu'on m'interdise ainsi d'enseigner ! »

Survient alors le mariage de Mohammed VI, le 12 juillet 2002. Contre toute attente, tant il commence à se savoir que l'ancien vizir boude, se morfond et remâche sa rancoeur, Driss Basri est invité. « Normal, dit-il, affectivement et politiquement, je suis un membre de la famille royale. » Mais, de son domicile de Settat jusqu'au lieu de la cérémonie, assure-t-il, « j'ai été suivi par huit voitures de police ; sur les lieux mêmes, pendant toute la durée de ma présence, j'étais entouré de policiers qui surveillaient mes faits et gestes comme si j'étais un kamikaze envoyé par Ben Laden ! » À ses yeux, aucun doute : la persécution est en train de se muer en acharnement.

Peu à peu, Driss Basri semble se persuader qu'on veut sa peau. « Supprimer un témoin gênant », dit-il. Le tuer ? Il ne va pas jusque-là, bien qu'il ait, assure-t-il, « reçu des menaces de mort ». Mais l'empêcher d'aller se faire soigner en France, oui, il en est convaincu.

Est-il tout à fait convaincant sur ce point ? Lui-même le reconnaît, il n'a jamais fait l'objet d'une interdiction formelle de quitter le Maroc : « On m'a conseillé de ne pas le faire, parfois menacé, dit-il, et lorsqu'en février 2003 j'ai demandé à renouveler mon passeport qui devait expirer un an plus tard, je n'ai jamais reçu de réponse. » Or Basri souffre, depuis une vingtaine d'années, d'une affection qui nécessite deux examens approfondis en France par an. Son médecin traitant, Moulay Driss Archane, est le même que celui de Hassan II. « Il me soignait depuis 1965, mais curieusement, à partir du moment où j'ai eu des problèmes, il s'est mis aux abonnés absents : disparu ! »

Fin juin 2003, Driss Basri a « un accident de santé ». Grave, apparemment, puisque ses médecins français alertent le Palais. « J'allais mourir, assure-t-il, après deux ans et demi d'interdiction de soins. » Malgré l'avis de certains de ses proches qui parlent de certificats médicaux de complaisance, le roi prend en charge l'évacuation et l'hospitalisation de Basri à Paris. Le 9 juillet 2003, « Si Driss » débarque en France. Il y restera jusqu'en octobre. De retour au Maroc, il demande alors une seconde fois le renouvellement de son passeport et, selon ses dires, n'obtient toujours pas de réponse.

À Paris, en janvier 2004, pour une nouvelle hospitalisation à nouveau prise en charge par le Palais, Basri, dont le passeport arrive à expiration en mars de la même année, s'adresse, via ses avocats, au consulat général du Maroc. Cette fois, on lui répond. C'est à Rabat et nulle part ailleurs que lui sera délivré le précieux document. « Persécution ! s'indigne l'ancien homme fort de Hassan II. Je suis sous traitement, mes médecins m'interdisent tout voyage en avion supérieur à une heure et, partout dans le monde, les consulats sont habilités à délivrer des passeports ! On veut soit me bannir, soit me faire taire si je rentre au Maroc. » Dans l'entourage du roi, on sourit de cette affaire : qui va s'apitoyer sur un ex-superflic devenu sans-papiers à Paris ? Auto-exilé sans se l'avouer, tant ce statut lui semble infamant, lui qui a « construit le Maroc pierre par pierre avec Hassan II », Driss Basri assure toujours qu'il reviendra chez lui quand il le voudra. Y croit-il vraiment ?


L'argent, mon fils et moi

Ne parlez pas d'argent, de détournements, de corruption ou d'abus de biens sociaux à Driss Basri : il est sur ce point à la fois ultrasensible et, il le jure, inattaquable. « Depuis six ans, ils cherchent, tout le monde cherche. Ils ont voulu m'impliquer dans tous les scandales : Crédit agricole, Crédit immobilier et hôtelier, Banque populaire, pêche, BNDE. En pure perte. Ils n'ont jamais trouvé que M. Basri se soit servi ne serait-ce que de 50 dirhams d'argent public, sous forme de crédit ou de don. Mon intégrité est en béton. Mes comptes à la BMCE et à la BCM sont connus de tous. Fouillez, je vous mets au défi. Je n'ai que mépris et dédain pour tout ce qui est argent. »

Celui qui affirme avoir « laissé 100 millions de dirhams » (9 millions d'euros) à son successeur « dans les caisses du ministère de l'Intérieur » s'insurge contre l'arrestation, au Maroc, de deux de ses proches, l'ancien patron de la Communauté urbaine de Casablanca, Abdelmoughit Slimani, et l'ex-gouverneur de Ain Sebaa-Hay Mohammedi, Abdelaziz Laafora. « Ce sont des fusibles qui paient pour moi. Laafora fut l'un des meilleurs gouverneurs que le royaume ait connus. Il a mené la campagne d'assainissement. Il était loyal. C'est pour cela qu'on lui en veut. Quant à Slimani, il a le malheur d'être un cousin de mon épouse », explique Basri, très remonté. « Je vais vous dire comment tout a commencé, ajoute-t-il. En 2001, lorsque le roi a déclaré dans une interview qu'il avait réglé le problème du Sahara, j'ai pris ma plume et j'ai écrit dans Le Monde tout le mal que je pensais de la fameuse troisième voie, celle de la soi-disant autonomie interne du territoire. Aussitôt, j'ai reçu un message : "Si tu ne la boucles pas, on va poursuivre tes anciens collaborateurs." J'ai répondu que tous les Marocains avaient été mes collaborateurs et que je refusais ce chantage. Alors on s'en est pris à Slimani et à Laafora pour mieux m'atteindre. Eh bien, je ne me laisserai pas faire. Je vais, moi aussi, dire, publier des noms et des audits de gestion. »

Également dans le collimateur de la justice marocaine, son fils Hicham Basri, qui vit à Paris, fait l'objet de rumeurs récurrentes - et jusqu'ici sans suite - de mandat d'arrêt international. Là aussi, Driss Basri, décidément intarissable, a son explication. « Toute la scolarité de mon fils a été prise en charge par Hassan II, qui avait demandé au prince héritier de s'occuper de lui. Ses études terminées, Hicham a commencé à travailler modestement. Un jour, Fouad Fillali, le PDG de l'ONA, consortium contrôlé par la famille royale, est venu voir le roi avec, sous le bras, un grand projet d'aménagement, celui de Bouznika Bay. Hassan II m'a alors fait venir et, en présence de Fillali, il m'a dit : "Ce n'est pas parce que ton fils Hicham porte le nom de Basri qu'il faut l'empêcher de réussir une affaire. Je t'interdis de lui refuser de travailler avec Si Fouad." J'ai embrassé la main du roi, et une société ad hoc a été créée. Il y avait là l'ONA, la BCM, la Caisse des dépôts et consignations et un groupe auquel mon fils était associé. Ma seule exigence était la suivante : que Hicham n'ait aucune responsabilité financière et qu'il ne soit ordonnateur d'aucune dépense. Il n'a jamais signé un seul chèque et ne s'occupait que du génie civil et de l'engineering. Ceux qui payaient, c'étaient le patron de la BCM, Abdelaziz Alami, dont la banque prêtait à 12 % ou 13 % de taux d'intérêt, et un associé de Fillali. Dès mon limogeage, en novembre 1999, on a commencé à dire que j'avais pris de l'argent du ministère pour l'investir dans Bouznika Bay au nom de mon fils. Un audit et une enquête ont été effectués en 2000, qui n'ont strictement rien donné. Depuis, Bouznika Bay a été inclus dans le giron de l'ONA bien en dessous de son prix réel. D'ailleurs, je considère qu'Hicham et ses partenaires ont été spoliés. »

Inutile de préciser que, vu de Rabat, l'affaire est loin d'être aussi simple : « Hicham a des choses à se reprocher, assure-t-on. Driss Basri lui-même est riche, et nous cherchons à connaître ses comptes à l'étranger ; quant à Slimani et à Laafora, leur procès sera très instructif, vous verrez... »
Revenir en haut Aller en bas
 
driss basri ( suite)
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» driss basri (suite 2)
» DRISS BASRI
» entretien avec driss basri!!!!!!!!!!
» Driss ???
» Driss l7al9a

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le forum des Lauréats de l'ENCG Settat :: Coin Detente :: Off Topic-
Sauter vers: